Le changement c'est maintenant ? #3
Chacun a déjà pu en faire l'expérience, être motivé par le projet d’entreprise, avoir un objectif avec un plan d'action, être engagé, cela ne suffit pas pour réussir le changement. En clair, changer, c’est plus facile à dire qu’à faire…
Alors, pourquoi est-ce si difficile ?
Tout simplement, parce que même si notre cerveau a besoin du changement, en même temps il n’aime pas ça (eh oui, l’être humain est un être de paradoxes !)
Tout simplement, parce que même si notre cerveau a besoin du changement, en même temps il n’aime pas ça (eh oui, l’être humain est un être de paradoxes !)
Dans la série, « le changement c’est maintenant ?", retrouvez les articles précédents sur le sujet ici :
#1 : Pourquoi le cerveau n'aime pas le changement
#2 : Manager l'axe cognitif du changement avec 5 actions
#1 : Pourquoi le cerveau n'aime pas le changement
#2 : Manager l'axe cognitif du changement avec 5 actions
Aujourd’hui, je vous propose 11 nouvelles actions concrètes pour manager, cette fois-ci, la charge émotionnelle du changement.
L’enjeux est de respecter le fonctionnement du cerveau pour diminuer les résistances et rendre le changement plus facile et plus pérenne. Changer en douceur, c’est possible…
L'axe émotionnel : comment accompagner le changement ?
Dans l’article, pourquoi le cerveau n’aime pas le changement, nous avons évoqué la puissance de notre gouvernance émotionnelle (système limbique) qui nous ramène en permanence vers nos automatismes, nos croyances, le connu et le maitrisé. Ce que l’on appelle communément la zone de confort, (quand bien même elle n’est pas si confortable !).
Comprendre le fonctionnement de notre cerveau “émotionnel”, permet de l’apprivoiser pour faciliter le changement et in fine augmenter les chances de réussite.
1 - Identifier les motivations ressources
Le changement est plus facile à vivre, si vous êtes dans le plaisir de faire et pas uniquement dans le plaisir d'obtenir le résultat. Identifiez vos moteurs personnels, véritables bulles d'oxygène notamment lors des changements difficiles :
- Vous aimez apprendre, comprendre : chaque difficulté peut être vue comme un point à creuser
- Vous aimez les défis : le changement est une occasion de vous dépasser, de tester vos limites
- Vous aimez le collectif : faites de votre changement une aventure collective
- Vous aimez organiser, optimiser : quel plaisir de suivre vos tableaux d'indicateurs !
- ...
Vous activez ainsi votre circuit de la récompense avec sa production de Dopamine, neuro-transmetteur qui joue un rôle clé sur la motivation.
Si vous managez le changement de votre équipe, essayez de couvrir les différentes motivations ressources en présence. Utiliser et s'appuyer sur les motivations ressources nécessite d'une part de bien se connaitre et d'autre part, de bien connaitre ses collaborateurs.
2 - Créer les bonnes conditions
La principale résistance au changement est liée au désagrément lié à l’abandon de l’ancien comportement. Pour qu’un changement soit désirable, le bilan émotionnel doit être positif. Créer de bonnes conditions consiste à faire en sorte que le plaisir de changer soit supérieur à la "douleur" du changement.
Pour notre cerveau, un résultat atteignable à moyen ou long terme fait rarement le poids face aux efforts à fournir à court terme. Souvenez-vous de la balance bénéfice/effort évoquée dans les articles précédents.
Et là, tout est bon à prendre pour :
- Augmenter les bénéfices, notamment à court terme : les petites victoires faciles, un objectif clair et des sous-objectifs, le plaisir de chercher des solutions ensemble, célébrer les efforts, avoir des indicateurs qui permettent de mesurer la progression, se focaliser uniquement sur les 3 prochaines actions...
- Diminuer les efforts : commencer par de petits changements, dédramatiser le risque d’échec, regarder moins loin…
Créer les bonnes conditions, c'est ainsi garder à l'esprit cette fameuse balance Bénéfices/ Efforts et chercher en permanence des moyens pour augmenter les bénéfices et diminuer les efforts.
3 - Créer ses propres contraintes
Cela peut paraitre contradictoire avec ce que vous venez de lire dans le point 1, mais je m'explique...
Regardez par exemple la vitesse avec laquelle nous sommes passés au travail et autres réunions à distance. L'implacable contrainte de la situation sanitaire, nous a obligé à ce changement rapide et profond, pour certains, impensable auparavant.
Autre exemple, les personnes qui fonctionnent mieux dans l'urgence et qui attendent le dernier moment pour commencer une tâche importante.
Pourquoi le changement que vous souhaitez mettre en place est-il nécessaire ? Reconnectez-vous à toutes les contraintes et problèmes de la situation initiale. Rappelez-vous d’un rapport effort/bénéfice très défavorable. Autorisez-vous à accentuer l’inconfort dans votre souvenir (oubliez tous les avantages liés à la routine et à l’économie psychique qu’elle implique). Vous pensiez que la situation ne pouvait pas durer, et que vous ne tiendrez pas longtemps à ce rythme. Ces pensées sont désagréables ? Continuez jusqu’à ce que l'inconfort voire la douleur du changement devienne un bien moindre mal, voire un soulagement.
Inventez vos propres contraintes pour faire en sorte que la "douleur" de la contrainte soit supérieure à la "douleur" du changement.
4 - Accepter l'inconfort, les incertitudes de la phase de transition
Pour changer, il est important dans un premier temps, d’accepter l’inconfort, la peur, les incertitudes de la phase de transition : c’est normal et cela ne va pas durer. Préparez-vous mentalement à ressentir et à dépasser cet état, avec beaucoup de bienveillance. Profitez-en pour vous observer vos réactions pendant cette phase !
Acceptez que le plan d'action que vous aviez soigneusement élaboré sera probablement chahuté, remodelé, enrichi...
On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter"
5 - Etre patient, le temps est votre meilleur allié
Soyez patient avec vous-même et avec les évènements, laissez les processus d’apprentissage et la neuro-plasticité faire leur travail. Au fur et à mesure, vous allez dépasser des étapes et votre cerveau va s’adapter, très naturellement.
En réalité, il développe de nouvelles connexions entre les neurones et cela prend du temps.
Vous allez, sans vous en rendre compte, développer de nouveaux automatismes qui vont rendre la situation de plus en plus confortable.
6 - Etre actif dans le changement
Être actif dans le changement permet de l’appréhender sous un angle nouveau et parfois surprenant. Amusez-vous ! Les enfants, ces athlètes de l’apprentissage, ont cette faculté naturelle à tout transformer en jeu : compter les voitures rouges sur la route des vacances, accumuler des bons points pour avoir une image, etc. Activez le circuit de la récompense avec des petits jeux ou des défis qui ont du sens pour vous et qui vous apportent du plaisir.
Et si changer était l’occasion d’être créatif dans la recherche de solutions, de transformer les difficultés en opportunités, d’être surpris par vous-même et par les autres ?
Acceptez de tester, de faire des erreurs, de recommencer. Le mouvement, c'est la vie !
7 - Se focaliser sur ce qui dépend de vous
Si vous avez bien délimité les étapes du changement, vous avez une vision claire de votre plan. Restez focus sur l’objectif et sur ce qui est en votre pouvoir.
Le changement génère facilement du stress et de l’inconfort, surtout quand les enjeux sont importants. Et là, le cerveau cogite, vous réveille la nuit, doute de ses chances de réussite, pointe toutes les zones d’incertitudes, les écarts par rapport à votre joli plan… ça y est, le biais de négativité a pointé la bout de son nez et vous fait voir tout en noir !
Là, il est temps de dire stop ! Et de reprendre la main avec 2 questions simples :
- Qu’est-ce que je ne peux pas changer ? Ok, c’est noté, mais aucun intérêt de dépenser son énergie sur les points identifiés. Avez-vous déjà remarqué notre capacité à nous "prendre la tête" sur des choses que nous ne pouvons pas changer ?
- Qu’est-ce que je peux changer ? Cherchez, cherchez même de petites actions car notre cerveau a besoin de ressentir le mouvement, le fait que ça avance. Vous lui redonner ainsi de la maitrise ce qui mécaniquement diminue le sentiment d’impuissance face à l’inconnu. Et finalement vous allez sans doute être surpris par vos découvertes...
8 - Partager, se faire aider
Ne restez pas seul dans votre effort, dans votre inconfort : comme dans toute expérience humaine, vous n’êtes pas seul à vivre ce type transformation. Partagez votre vécu : vous serez surpris par le nombre de personnes qui ont eu ou qui ont actuellement des problématiques identiques. Donnez ou demandez de l’aide, échangez des ressources.
Vous pouvez utiliser la formation, le coaching évidemment mais également vous appuyer sur un ami, votre conjoint, un collègue voire un inconnu. Le simple fait de partager ses difficultés dans le changement, sans même forcément chercher ou trouver les solutions, permet de « dégonfler » la charge émotionnelle. C'est aussi l'occasion d'élargir son champ de vision.
9 - Inviter les émotions positives
Les émotions positives permettent de mieux intégrer le changement dans notre vie. Nous avons déjà évoqué l'importance du plaisir dans le changement avec notamment la recherche de motivations ressources et de bénéfices qui sont de véritables piliers dans le changement. Et pourquoi pas aussi inviter toutes les autres sources d'émotions positives ?
Générez du plaisir dans l’effort ou en créant des récompenses, prenez satisfaction de la facilité quand elle survient, recevez de la reconnaissance de vos proches ou sur les réseaux sociaux, observez, notez et célébrez les progrès, les efforts (et pas uniquement les résultats). Après tout, qui a dit que pour changer, il fallait obligatoirement souffrir ?
10 - Partager ses objectifs pour renforcer l'engagement
Vous prenez des engagements personnels ? Assumez-les et exposez-les ! Osez les écrire et les afficher bien en évidence : cela vous rappellera vos objectifs tout le long du parcours.
Partagez également vos objectifs avec une personne ou votre équipe pour ajouter une bienveillante contrainte sociale. « Dire ce que l'on fait et faire ce que l'on dit » : n’est-ce pas un leitmotiv très puissant ?
Le poids de l’image sociale peut aussi être une contrainte intéressante à utiliser (cf. point 3). Par exemple, le jour où j’ai décidé de courir mon premier marathon, j’ai commencé par définir mon objectif, puis j’ai partagé ce défi avec des amis. Forcément par la suite, cela devient beaucoup plus difficile de « se dégonfler », d’autant plus qu’à chaque rencontre vous avez le fameux : « alors tu en es où » ?
C'est aussi pour cette raison que je demande toujours aux participants lors de mes formations commerciales et managériales non seulement d'écrire leurs engagements à l'action mais également de les partager avec le groupe.
11 - Valoriser le rôle de chacun
Dans un changement collectif, pour les animaux grégaires que nous sommes, se joue inconsciemment le positionnement de chacun. Le lien et le groupe sont indispensables à la survie de l’Homme, aussi pour notre cerveau il s’agit là d’un élément de sécurité.
Dans ce cas, il est toujours intéressant d’observer les comportements des uns et des autres : les opposants, les acteurs, les suiveurs… Chacun reste plus ou moins longtemps dans la peur du changement, avance à son rythme et à un rôle utile.
Aussi, il est indispensable de rassurer sur la place de chacun et de nourrir les différents besoins de reconnaissance.
Vous sentez maintenant que le changement vous mobilise complètement ?
Vos PENSEES et vos EMOTIONS sont bien alignées ?
Vos PENSEES et vos EMOTIONS sont bien alignées ?
Reste le passage à l’ACTION, car le changement n’existe que dans la réalité, dans le quotidien. C’est là que vous pourrez réellement savourer votre progression et que vous testerez sa véracité.
Ce sera le sujet du prochain article : L’axe comportemental du changement.
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